Pendant de nombreuses années, alors que le CD n’existait pas encore, Clavichords éditait chaque année une discographie où étaient présentés les disques de l’année. Cela explique la collection de vinyles anciens à disposition dans le local de l’association, qui débute aux alentours des années 1975 avec « Les Fabulettes » d’Anne Sylvestre, « La Baleine bleue » de Steve Waring, la collection Chevance du Chant du Monde et autres perles qui font partie du patrimoine vivant.
La refonte du site Clavichords donne l’occasion de reprendre ce travail, signalant les productions musicales pour jeunes auditeurs été pouvant intéresser enseignants, musiciens intervenants, médiathécaires, animateurs de centres de loisirs, parents. Quatre rubriques sont ainsi proposées :
⇒ Coups de cœur de l’Académie Charles Cros
⇒ Ouvrages à caractère pédagogique
⇒ Chansons du patrimoine de la chanson française
NB : Toutes les recensions sont libres d’utilisation et de droit. Il est simplement demandé à ceux qui les citent de les faire suivre de la mention : Gérard Authelain – Clavichords discographie
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Nous invitons à consulter d’autres sites, qui présentent également les productions à destination des enfants au fur et à mesure des parutions.
⇒ Le plus complet et le plus à jour est celui réalisé par Françoise Ténier, ancienne responsable de la Discothèque de l’Heure Joyeuse à la Bibliothèque de la Ville de Paris : VISITER
⇒ Un collectif des bibliothèques de la Ville de Paris publie chaque année une sélection des disques et livres-cd pour enfants afin d’aider à constituer les fonds des bibliothèques. On peut consulter et télécharger la sélection sur le site : VISITER
⇒ Une chronique régulière sur le site de Nos Enchanteurs fournit d’abondantes notices concernant disques et spectacles musicaux pour jeune public : VISITER
⇒ Un autre site (Res musica) fournit également des recensions de disques et spectacles musicaux : VISITER
⇒ Dans le domaine de l’ethnomusicologie, on trouve d’intéressantes études documentées sur les musiques du monde et la mémoire collective à destination du jeune public : VISITER
⇒ Le site de l’IRMA, plus orienté sur les musiques actuelles propose également de nombreuses informations concernant les musiques pour le jeune public : VISITER
⇒ Un blog d’actualités musicales alimenté par Franz-Minh Raimbourg dans lequel sont parfois recensés des disques jeune public : VISITER
→ MODE DE CLASSEMENT ←
⇒ 0 – Nouveautés de l’année en cours
Ici sont mentionnés les disques au fur et à mesure de leur parution, et sont présentés sans classement. L’objectif est de signaler au fur et à mesure les productions sans attendre la fin de l’année où ils seront ensuite répertoriés selon le mode de classement décrit ci-dessus.
⇒ 1 – Chansons et comptines petite enfance et maternelle
Ce titre indique un type de répertoire classé dans cette rubrique : les chansons traditionnelles du patrimoine enfantin et les créations destinées aux très jeunes enfants.
⇒ 2 – Chansons d’auteurs compositeurs interprètes, chansons de groupes
C’est une grande partie des titres insérés dans ce chapitre : les créations des artistes qui ont composé et enregistré intentionnellement pour le jeune public, et dont beaucoup d’ailleurs les font découvrir dans des spectacles programmés sous cette appellation Jeune Public.
⇒ 3 – Chansons et musiques du monde
Comme l’indique le titre, ce chapitre présente les enregistrements destinés aux enfants (et dont beaucoup sont chantés par eux) en provenance de toutes les parties du monde, qu’il s’agisse de répertoires patrimoniaux ou de créations.
⇒ 4 – Contes musicaux – histoires en chansons
Ce titre englobe des productions qui ne sont pas nécessairement homogènes : sans entrer dans des définitions de genres littéraires, sont regroupés ici des pièces qui sont de véritables contes, des récits sur fond musical, des histoires illustrées par des chansons., et plus généralement tout texte narratif accompagné d’éléments sonores.
⇒ 5 – Compilations de musiques classiques ou actuelles
Les titres mentionnés dans ce chapitre peuvent être des histoires sur la vie d’un compositeur, mais l’objet premier de l’enregistrement est de donner accès à des œuvres d’esthétiques diverses, allant de la musique ancienne à la musique classique, de la comédie musicale aux musiques actuelles, autrement dit pouvant entrer dans une catégorie que l’on pourrait appeler « Histoire de la musique »
Trois rubriques font l’objet d’un classement particulier :
⇒ 6 – Ouvrages à caractère pédagogique
Beaucoup de titres cités dans les rubriques précédentes peuvent être des outils précieux pour l’enseignement musical. C’est pourquoi ce chapitre n’est en rien exhaustif, mais rappelle simplement que certaines pièces présentées sous d’autres appellations peuvent être fort utiles en situation pédagogique même si ce n’est pas leur destinée initiale.
⇒ 7 – Chansons du patrimoine de la chanson française (originaux ou réinterprétations)
Dans cette rubrique est proposé un répertoire de chansons qui à l’origine n’est pas destiné aux enfants, mais dont les titres conviennent parfaitement à cet âge, soit qu’il s’agisse de rééditions, soit qu’il s’agisse de réinterprétations par des artistes contemporains.
Souvent des projets d’écoles s’organisent autour d’un thème. Les enseignants recherchent alors ce qui dans les pièces musicales, et particulièrement les chansons, peut illustrer la recherche, inciter les élèves à écrire d’autres textes et les mettre en musique, interpréter des chansons recueilles sur un CD. Cette rubrique est en constante construction, étant faite principalement à partir des demandes des utilisateurs.
Les disques recensés selon les rubriques de classement sont présentés ainsi :
⇒ Titre de l’ouvrage
⇒ Auteur / compositeur
⇒ Éditeur / Diffuseur – année de production
→ 0 – NOUVEAUTÉ DE L’ANNÉE EN COURS ←
⇒ Titre : PREMIÈRES NEIGES
⇒ Auteur / compositeur : NELSON – ADOLFO SERRA
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2021
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Une longue introduction musicale, composée à partir de sons électros épurés de toute atmosphère fracassante, invite à se plonger dans un monde autre, pas du tout effrayant, mais au contraire aussi apaisant que l’image du loup du loup dormant paisiblement sur la couverture du livre. Comme lui on a envie de se rouler en boule, pacifiés et rassurés. Commence alors un chant lointain dont on ne comprend pas la langue, mais dont on se doute que celle-ci va nous entraîner dans un voyage où il suffira de faire confiance. Les chanteuses prennent le relais en nommant la neige, sur les vêtements, avec ses cristaux blancs, les cheveux glacés, la neige soulevée par le vent. Sur une trame rythmique, on fait alors connaissance de Souris, puis de Lièvre, puis de Renard : les uns après les autres se faufilent, se camouflent, dans la moufle, tout contre les uns les autres. Ce refrain scande un récit commencé comme un jeu, et la chute fait la part belle à l’humour. Les séquences se suivent, avec le temps donné au temps. Les mots s’introduisent en mélodies chantées et poursuivent en phrases parlées où l’on voit que les artistes maîtrisent parfaitement l’art du slam, tout autant que celui du chant ou de la vocalise. Un mot surgit rapidement à l’écoute du disque : celui de couleurs-pastel. L’illustrateur, justement, a fait un ouvrage superbe, léger comme l’aquarelle, doux comme les teintes qui se fondent l’une dans l’autre, aérien comme un flocon de neige, libre et dégagé comme les arbres qui habillent les pages. |
⇒ Titre : BULLES BELLES BULLES
⇒ Auteur / compositeur : Hélène SHALK-COLLOMB
⇒ Éditeur / Diffuseur : Compagnie de l’Épouvantail – 2021
S’il y a un art très difficile, c’est bien celui d’écrire pour les très jeunes enfants des chansons qu’on puisse leur chanter et qu’ils puissent également chanter, en les offrant à leur écoute dans l’écrin d’un accompagnement qui les transforme en autant de pierres précieuses. La grande difficulté, résolue avec maîtrise par Hélène Shalk-Collomb, est celle de combiner diversité et richesse instrumentale avec sobriété et parcimonie dans l’utilisation. Avec elle, tout a l’air évident ; cette simplicité est le résultat manifeste d’un travail d’épure pour s’affranchir de tout ce qui est clinquant, poudre aux yeux et autres gadgets. Chaque son, dans la grande variété des titres, conduit à l’essentiel. Cela se confirme quand on écoute la version play-back des chansons dont chacune présente un grand intérêt musical, indépendamment de savoir si on va utiliser telle ou telle plage pour faire chanter les enfants. Chaque titre est construit différemment. La Maison de Tom Pouce, par exemple, réussit à se construire en partant de quelques mots, d’abord parlés de façon rythmée, progressivement mélodiés, puis repris en chœur avant de se terminer en canon, le tout en 1 minute 20. L’excellence n’est pas dans ce qui brille, mais dans ce qui est vrai. Là est la virtuosité et la grande leçon de la Compagnie de l’épouvantail. | ![]() |
⇒ Titre : L’ENFANT DE L’ORCHESTRE
⇒ Auteur / compositeur : Morgane RAOUX
⇒ Éditeur / Diffuseur : Victorie Music – 2021
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Le disque est présenté comme un conte musical. Il s’agit en fait d’une histoire construite autour d’extraits d’œuvres du répertoire classique. Les œuvres originales sont reconstruites sous forme de chanson, sur le thème de la pomme quand il s’agit de l’ouverture de Guillaume Tell, ou sur celui de la bande de copains quand il s’agit de la première danse hongroise de Brahms. On a évidemment une chanson sur le printemps avec Vivaldi, une autre sur les truites argentées avec Schubert, et une lettre improbable à Elise avec Ludwig Van. Les accompagnements sont réarrangés pour les besoins de la cause, dans la tradition de la parodie, rappelant la célébrissime Pince à Linges des Quatre Barbus ou le Brasero de Ravel avec Pierre Dac. Ainsi en va-t-il de la chanson « J’ai un papa » sur l’air de l’Alleluia du Messie de Haendel. Pas certain que ce soit un instrument d’éducation artistique et donne aux enfants l’envie d’aller à la source, mais pour ceux qui connaissent les œuvres cela peut faire naître un sourire. |
⇒ Titre : UNE FÊTE SOUS LA LUNE
⇒ Auteur / compositeur : Christian DUCHESNE – Jérôme MINIÈRE
⇒ Éditeur / Diffuseur : La Montagne secrète – 2021
Un groupe d’amis, la bande à Bébert, partent vers la montagne Bleue pour échapper à la pluie n’en finit pas de tomber depuis cent jours. Au sommet, ils découvrent une grande forêt, et au milieu d’une clairière une maison dans laquelle vit Alice, qui les invite à partager les récoltes de son jardin. Elle a le privilège de pouvoir devenir aussi petite qu’une souris sur un simple claquement de doigts, et de faire profiter de ce don ses amis. Ainsi ils montent dans un avion de papier avant de revenir sur terre pour se dire, au moment de se quitter, qu’on se reverra et restera amis. Le tout enchassé dans une vingtaine de chansons dont certaines reprises du répertoire populaire (Il pleut bergère, Une souris verte, Dans la forêt lointaine). | ![]() |
⇒ Titre : LE SINGE ET L’ÉPOUVANTAIL
⇒ Auteur / compositeur : Pierre SENGES
⇒ Éditeur / Diffuseur : La Joie de lire – 2021
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Il existe des disques où, ignorant tout du contenu et des auteurs, on devine qu’il va se passer quelque chose d’extraordinaire. Dès les premières notes de musique, la beauté de la composition et du jeu instrumental ouvre les oreilles pour un voyage dont on sait dès le début qu’on ne lâchera pas l’écoute jusqu’à la fin. Première découverte : le texte écrit sur le livre n’est pas exactement celui qui est dit par Arnaud Marzoretti : justement, c’est un passionnant exemple pour réfléchir sur la spécificité de l’oral par rapport à l’écrit. Double plaisir de suivre ainsi ce récit, à lire autant qu’à écouter, composé en forme d’adaptation des Fables de La Fontaine. On ne les entend pas telles quelles (elles ne sont présentes qu’en finale du livre), mais elles sont présentes sous forme de chants interprétés par la maîtrise de la cathédrale de Metz. La succession des événements est assurée par des compositions originales de l’ensemble Les Lusitaniens de Saint Omer. Ils se sont assurés le concours de l’INECC (Mission Voix Lorraine), dont on connaît l’exigence de qualité et qui coproduit ce livret disque parmi les productions les plus remarquables disponibles à ce jour. |
⇒ Titre : THÉSÉE, ARIANE ET LE MINOTAURE
⇒ Auteur / compositeur : Jean-Michel Coblence
⇒ Éditeur / Diffuseur : Didier Jeunesse– 2021
Nul doute que les enfants, friands des histoires mythologiques, adoreront ce récit rassemblant les aventures de Thésée sur fond symphonique de Beethoven. Il vaut la peine d’écouter attentivement le mixage du texte et de la musique : la correspondance entre la parole et les événements musicaux atteint ici dont le héros sort vainqueur. Les illustrations sont superbes avec une mise en page imaginative et sachant s’inscrire dans l’esprit des gravures antiques. Il est fort possible que plus tard les enfants, qui auront écouté et réécouté cette épopée musicale, associeront leur écoute des symphonies de Beethoven à l’aventure mythique de Thésée ou d’un autre héros de l’antiquité, et pas seulement parce que la 3ème symphonie s’appelle précisément l’Héroïque. Ce qui est une destinée fréquente de la musique, amalgamée dans l’esprit à une rencontre, une émotion, un bouleversement, une image exaltante. Un beau cadeau tous âges confondus. | ![]() |
⇒ Titre : DANSE AVEC MOI À KINSHASA
⇒ Auteur / compositeur : TRADITIONNELS – KOSSUA, GHYAMPHY
⇒ Éditeur / Diffuseur : ARB Music – 2021
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Il est toujours intéressant d’avoir des témoignages de ce que chantent des enfants ou ce que des adultes chantent à leur intention. Ce disque se situe dans cette ligne et de ce point de vue mérite attention et estime. Le seul regret est que l’on n’en apprend pas beaucoup sur l’origine de ces chants, et encore moins sur la République démocratique du Congo et sa capitale dont le seul renseignement sur la pochette nous dit que Kinshasa est la ville musique du continent africain ». Certes le CD jeune public n’est pas un document de géopolitique à destination des enfants, mais les musiques du monde sont aussi un moyen de connaître les modes de vie et les traditions culturelles de contrées qui nous sont inconnues. Néanmoins ce disque est fort agréable et, comme le dit le livret, « renforce l’énergie des joyeuses sarabandes ». |
⇒ Titre : LES COMPTINES DE KIKOBERT 2
⇒ Auteur / compositeur : Nicolas BERTON – Morvan PRAT
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’Autre Distribution – 2021
Dans la ligne de son disque précédent, Kikobert poursuit son regard sur son environnement entre le marteau piqueur qui pourrait changer les paroles de sa chanson au lieu de répéter toujours tac tac tactactactac, et le chien fou qui court après le bâton qu’on lui lance. Il y a aussi les proches qui ont son affection : son papa qui le monte en l’air comme en voyage interstellaire, ou sa mamie dans lesquels il respire un air de vacances (paroles de Liz Cherhal). Il se laisse aller au rêve avec le hérisson qui, s‘il ne fait pas attention en traversant la rue, se retrouvera comme un paillasson ; ou à la façon de regarder les photos, où sur l’une il y a une bougie sur le gâteau, et sur l’autre, en fin de chanson, il y en a trois sur le même gâteau. On a grandi depuis (avec Natalie Tual). Le tout au son du ukulélé, des guitares et parfois des cuivres, dans un mouvement alerte, gai, énergisant, qui ne laisse pas les enfants et leur donne envie de croquer la pomme à pleines dents. | ![]() |
⇒ Titre : LE CYGNE BLANC
⇒ Auteur / compositeur : Marianne VOURCH – Piotr Tchaïkovski
⇒ Éditeur / Diffuseur : Éditions Villanelle – 2021
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Ce livre disque est mentionné dans cette discographie comme un exemple d’une façon de concevoir l’approche des compositeurs de de leur musique qui a cours dans beaucoup d’instances. Tous les composants sont au rendez-vous : extraits musicaux de qualité, livret fournissant de nombreuses références (notamment photos et illustrations d’époque), récit fournissant des indications sur les conditions d’écriture de la part de Tchaïkovsky. Le problème est que la parole est omniprésente, laissant entendre quelques extraits en fond sonore, mais jamais une œuvre complète, comme si l’on craignait que les enfants s’ennuient à l’écoute des pièces musicales. Ce livre disque est très révélateur de la pratique des enseignants de toute obédience : un manque de confiance dans la capacité de la musique à intéresser les enfants pour elle-même et donc l’obligation qu’ils se créent à l’habiller de commentaires, histoires, explications. La musique est réduite au rang de fond sonore. |
année 2020
⇒ Titre : BOUM BOUM
⇒ Auteur / compositeur : PETREK
⇒ Éditeur / Diffuseur : Autoproduit – 2020
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La devise de Petrek est simple, mais ô combien difficile quand on s’adresse à des enfants, à de très jeunes enfants : mettre les sourires au fond de soi, comme dans une valise, tout prêts à être utilisés, tout prêts à offrir et à donner en échange du regard qui s’adresse à l’adulte. Boum Boum, qui ouvre le CD, est le signe du palpitant quand l’émotion est forte ; c’est aussi la question qui termine le voyage musical : « il est où ton cœur ? ». Belle réussite entre voix parlée, voix chantée, et habillage musical qui n’enferme pas dans ses exigences rythmiques le récit, et porte au contraire par des polyphonies simples un chant qui devient mélopée. Les enfants saisiront l’humour ou pas, mais les adultes qui écouteront avec eux seront ravis : le chat souris (ou sourit), le rat qui rit, etc. On n’est pas dans la rigolade, mais dans le sourire qui devient poésie, celle qui est musique et se transmet au cœur. | ||
⇒ Titre : FARANDOLES DE COMPTINES AU PIANO
⇒ Auteur / compositeur :
⇒ Éditeur / Diffuseur : Éditions Vilanelle – 2020
Les 20 chansons choisies par les plus patrimoniales de l’enfance ne sont pas chantées, mais seulement jouées au piano. Les paroles sont alors à prendre sur le livre. Le projet en lui-même pourrait s’apparenter à une sorte de karaoké, ce qui n’est pas exactement la perspective de celui qui a composé les arrangements musicaux sur la mélodie. Une analyse plus détaillée est faite dans le chapitre « Ouvrages à caractère pédagogique » de cette discographie. | ![]() |
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année 2019
⇒ Titre : LES YEUX OUVERTS – ICI BABA
⇒ Auteur / compositeur : DUO ICI BABA (Samir Barris & Catherine De Biasio)
⇒ Éditeur / Diffuseur : Victor Mélodie – 2019
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Dès la première chanson, le rythme, la polyphonie, la fraîcheur des voix, rendent joyeux et alerte. La chanson suivante associe des voix d’enfants, ceux-ci étant invités à respirer avec le chanteur et le souffle du trombone. On se demande ensuite ce qui se passe derrière la porte, d’ailleurs on ne sait pas, mais depuis longtemps on a appris que les questions sont plus intéressantes que les réponses. Là encore la polyphonie et un accompagnement instrumental simple et efficace offre un bon soutien aux improvisations. La voix des enfants est sollicitée mais sans fausse gaminerie, et surtout avec un grand naturel et une belle qualité (Bateau sur l’eau). Ce disque se présente avec une grande variété dans la composition vocale et musicale, des dialogues finement ciselés, sans systématisation. Le Parapluie est aussi une petite merveille de 40 secondes, avec une fine transition sur la suivante (Soleil). Cette qualité, c’est celle que l’on a tant de fois appréciée chez nos amis Bruxellois qui n’ont jamais oublié l’invitation de ces dénicheurs de talents et qui ne cessaient de proposer, déjà en 1980 : « Parent, si vous chantiez ». ©© |
⇒ Titre : LES COMPTINES DE KIKOBERT
⇒ Auteur / compositeur : KIKOBERT
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’Autre Distribution – 2019
J’aime découvrir des auteurs dont je n’ai pas eu la chance ni de voir un spectacle, pour autant qu’ils en aient fait, ni de connaître une production antérieure, s’il existe de précédents enregistrements. D’ailleurs on subodore que ce qui a provoqué cet ensemble est plutôt le désir d’un adulte de chanter à son enfant, ce que confirme le texte de présentation. Les thèmes sont bien accordés au jeune âge. L’auteur-interprète joue souvent sur les allitérations, mais sans en faire un procédé. La caractéristique dominante est celle de la simplicité, ce qui ne signifie pas pauvreté ou indigence d’inspiration, mais sincérité dans la façon de s’adresser aux enfants. | ![]() |
→ 2 – CHANSONS D’AUTEURS-COMPOSITEURS-INTERPRÈTES ←
année 2020
⇒ Titre : MIGRA’ SONS
⇒ Auteur / compositeur : MICHÈLE BUIRETTE
⇒ Éditeur / Diffuseur : Victor Mélodie – 2020
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Disque issu d’ateliers d’écritures de chansons dans les classes, mis en forme par Michèle Buirette, avec le soutien de l’inspection académique de l’Education nationale. Projet sur le thème des migrations climatiques. Dans l’univers des chansons chantées par les enfants, le résultat est convaincant, les enfants chantent manifestement avec plaisir, les voix ne sont pas trafiquées, on a une restitution sonore fidèle à ce qui a dû se passer dans la classe, avec un orchestre discret et efficace pour accompagner les chœurs. L’enregistrement a été fait sans doute avec les moyens locaux, ce qui rend ici le produit encore plus sympathique quand on connaît les difficultés pour mener à terme une aventure de ce genre. |
⇒ Titre : YÉLÉ MA PETITE LUMIÈRE
⇒ Auteur / compositeur : TOMA SIDIBÉ
⇒ Éditeur / Diffuseur : Victor Mélodie – 2020
Dès la première chanson s’installe un climat auquel on ne s’attend pas. Quelque chose de très doux, soyeux, lumineux, tant par la voix que par l’instrumentation accompagnant le chant ou la polyphonie scandant le refrain. Pas de clinquant, rien de vulgaire, pas de démagogie, une poésie qui dégage une tendresse de bon aloi, un mixage qui laisse aux voix toute leur proximité avec l’enfant et met en valeur la diversité instrumentale et la variété dans les compositions. Tout est précis, fin, délicat, y compris les passages d’une plage à l’autre (cf. par exemple la plage 10 et 11). Une découverte que l’on a envie de faire partager largement et qui illumine les jours de grisaille. | ![]() |
⇒ Titre : NOIR SUR BLANC
⇒ Auteur / compositeur : ZÈBRE À TROIS
⇒ Éditeur / Diffuseur : Vribody Prod – 2020
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« La carte postale de Blanquette à Monsieur Seguin » commence comme la Java des Bombes atomiques de Boris Vian : Zèbre à trois ne copie pas, il signe simplement ses références. La deuxième chanson (Lettre aux vacances) avec le saxo de Stéphane Méjean) est de la même veine. Et surtout, les textes collent parfaitement à la mélodie, et inversement. C’est précis et cadré comme du Sanseverino. Cela fait plaisir d’entendre des chansons pour jeunes auditeurs qui font confiance à la musique et à une écriture où les mots se laissent porter par les musiciens, même quand ils sont à mi-chemin entre le chant ou le parlé (Lettre à ma mère) ou même quand ils sont chantés sans le concours d’instruments (Noir sur blanc). Une belle réussite, confirmée par l’allant et l’humour de la dernière chanson. |
⇒ Titre : TOUS DES CHATS
⇒ Auteur / compositeur : PASCAL PARISOT
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2020
On avait adoré « Chat Chat Chat », des chansons de Pascal Parisot chantées par lui et éditées par Didier Jeunesse. On retrouve ici, éditées par Le Label dans la Forêt, les mêmes chansons auxquelles s’ajoute une nouvelle (La Miaouzique). Et pourtant un plaisir immense est au rendez-vous ici, d’abord parce que l’ensemble est offert dans un livret totalement renouvelé, présentation et illustrations. Ensuite et surtout parce que l’idée originale est d’avoir invité des artistes dont la spécialité n’est pas la chanson pour enfants : ils se sont faits chats à tour de rôle pour une chanson, avant de se retrouver tous ensemble pour un chant final « Tous des chats ». La métamorphose est saisissante. Oldelaf cherchant Minou et non Milou, ou Milou et non Minon, est irrésistible. L’âge d’or chanté par Arthur H est impressionnant de gravité. Alexis HK est sublime de maîtrise et d’attention pour le chat quand il lui demande de lever la patte avant gauche en l’air, il déborde d’indolence et de béatitude lors qu’il se fait chat étalé sur le dos et les pattes en l’air Totale Confiance… Pascal Parisot a eu l’heureuse idée de se renouveler par ses amis chanteuses et chanteurs : chaque personnalité apporte un trait original, met sa patte, signe de sa griffe. Pour faire entendre aux enfants des voix et des interprétations. | ![]() |
⇒ Titre : COMME C’EST ETRANGE
⇒ Auteur / compositeur : SÖLTA SAÏLTA
⇒ Éditeur / Diffuseur : Victor Mélodie – 2020
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À la troisième chanson, on se dit que les paroles sont étranges que l’on a peut-être besoin d’avoir recours au texte écrit de la pochette pour comprendre. La musique est parfois surprenante. Insolites aussi certains mots et des idées qui ne viennent qu’à l’esprit des poètes : les girafes sont écrapouties, les mammouths dorment dans des yourtes. Des mots qu’on ne comprend pas, dont on sait après coup qu’ils sont chantés en suédois. Quand on apprend que certains textes sont de Yannick Jaulin ou Robert Desnos, et quand on réalise qu’il s’agit parfois de chansons bilingues, alors on réécoute une deuxième fois pour suivre la musique du vibraphone ou du marimba autant que la mélodie chantée à une ou deux voix. Mention spéciale pour «Attention au loup», véritable performance vocale. Ainsi que «Etravanage» où la musique et le débit des phrases suffit pour se dire qu’on vit vraiment dans un monde étrange, mais ni inquiétant ni triste. De vraies introductions musicales qui prennent le temps de s’installer et de faire désirer la voix. |
⇒ Titre: 20 / 20
⇒ Auteur / compositeur : ZUT
⇒ Éditeur / Diffuseur : Universal – 2020
Rapidement l’écoute installe dans un humour de bon aloi, avec des chansons impertinentes mais sans vulgarité ni démagogie. Les chansons alertes, enjouées, s’enchaînent jusqu’au moment où, passant de l’écoute à la lecture du livret, on découvre que les chansons ont été composées par Pierre Perret, Tryo, Magid Cherfi, Clarika, Yves Jamait, etc. C’est une bonne idée de mettre à la portée des enfants des chansons qui ne jouent pas à se mettre à leur portée, mais savent transmettre la vitalité, le culot, l’irrévérence, et en même temps la tendresse. Un heureux témoignage, pour les 20 ans de carrière de ZUT, de la bonne santé de la chanson française, jeune public et tous âges. | ![]() |
⇒ Titre : YELLOW SUN MACHINE
⇒ Auteur / compositeur : POUSSINS PHONIQUES
⇒ Éditeur / Diffuseur : Victor Mélodie – 2020
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Première écoute : on se dit que les artistes ont vécu une époque où les musiques autant que les textes évoquent le rockabilly à 12 mesures, les chœurs de Yes, les références à peine dissimulées sous couvert de « Yellow sun machine » suivies d’une lettre à Monsieur le Président dans laquelle ils se désignent comme enfants de Boris Vian. Et puis si on accepte d’entrer dans le jeu, on se découvre alors une vraie tendresse pour ces artistes qui au-delà de signer une époque, rappellent qu’une culture musicale a drainé des centaines de milliers de jeunes et qu’elle fait partie d’un patrimoine que personne n’a envie d’oublier. Il est plaisant de dire aux papas et mamans (ou peut-être aux papys) que ceux-ci ont déjà effrayé en leur temps leurs concitoyens en osant affirmer «Nous on chante en anglais, oh yeah, enfin on essaie, y’a même des filles qui nous like». |
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année 2019
⇒ Titre : DANS LES BOIS
⇒ Auteur / compositeur : TARTINE REVERDY
⇒ Éditeur / Diffuseur : Là-Haut Production – L’Autre Distribution – 2019
Quand on écoute un disque de Tartine, on suppose qu’elle doit avoir une entrée secrète dans l’école de son village. On l’imagine silencieuse au fond de la classe en train de prendre de notes, et on se demande si elle a des conversations ailleurs que dans une cour de récréation et si elle mange ailleurs que dans une cantine. Chaque fois qu’elle aborde un thème, un sujet grave comme l’écologie ou un rêve comme celui de construire une cabane dans les bois, l’histoire du roi Louis sous son chêne ou celle des immigrés sous une tente, on est dans l’univers vrai des réflexions de l’enfance. Elle est à la fois capable de s’interroger sur les sujets sérieux des grands et sait en même temps être moqueuse avec délicatesse dans la distribution des bons points et aussi des mauvais points pour le grand-père qui mange des tomates en plein hiver, mauvais points qu’elle s’accorde aussi quand elle découpe les limaces au sécateur (à mon époque, on arrachait les ailes des mouches ou des hannetons). Musicalement les voix et les arrangements font des trois artistes à l’œuvre un véritable trio indissociable, où des invités peuvent aisément trouver place le cas échéant. Je ne sais pas si un chant de coquelicot fait pousser l’amour (chansons qui termine le disque), mais une chanson de Tartine fait pousser l’amour de la chanson et fait grandir l’envie chanter avec elle. ©© | ![]() |
⇒ Titre : ET SI PHILIPPE ROUSSEL CHANTAIT LE LOUP
⇒ Auteur / compositeur : PHILIPPE ROUSSEL
⇒ Éditeur / Diffuseur : Autoproduit – 2019
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15 chansons déroulent les hypothèses d’un emploi du temps du loup, justement aussi imprévues que les nôtres. Philippe Roussel prend le contrepied de l’image habituelle et envisage ce que pourrait faire un loup qui revêtirait la peau d’un enfant : s’il faisait du vélo, s’il tombait dans un trou, s’il racontait des mensonges, s’il allait à l’école. Les musiques reflètent l’univers d’un auteur-compositeur-interprète où la simplicité donne un goût d’une fraîcheur bienfaisante. Avec un langage et une articulation qui facilite grandement la compréhension pour les très jeunes enfants. Si le loup habitait chez nous, peut-être sa compagnie serait moins irénique que dans la chanson, mais rien n’empêche que son droit à vivre demande considération. |
⇒ Titre : RADIO CITIUS ALTIUS FORTIUS – PLUS VITE ! PLUS HAUT !
⇒ Auteur / compositeur : MERLOT
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2019
Aborder un disque de Merlot, c’est se dire d’emblée que rien ne sera comme d’habitude. Il faut donc se préparer à être inondé de sons inattendus, de musiques inopinées. Et aussi d’un flot de paroles qui semblent répondre à des configurations journalistiques, scientifiques, sportives, avec toujours un brin en décalage. A propos de Merlot, on a envie de lui appliquer ce titre d’un ouvrage de Georges Pérec : « What a man ! » On pense à la célèbre invitation de Raymond Queneau extraite de Zazie dans le métro : « N’oubliez pas l’art tout de même. Y’a pas que la rigolade, y a aussi l’art ». Le même auteur aurait peut-être dit à propos de Merlot, dans son style bien à lui : « Méoudonkivacherchétouça ? » Impossible de décrypter en quelques lignes l’art et la manière de ce chanteur-auteur-compositeur-espiègle-arrangeur et commentateur de la planète « performance physique ». Comme dans une émission de radio, il y a de vrais interviews de sportifs avec les réponses ébahies et niaises de ceux qui sont prêts à s’extasier de tout, de vrais jeux radiophoniques autour de la baballe dont il faut reconnaître au son s’il s’agit de basket-baballe ou de baballon-prisonnier. L’art de Merlot, c’est que l’on n’est pas uniquement dans la cocasserie. Au détour d’une chronique aux sons des reportages sportifs des années 50, Radio-Merlot évoque les exploits sportifs de ceux qui n’ont qu’un bras, pas de jambes, pas de mains, ou sont aveugles, précédant une chanson pleine d’une vraie tendresse sans mièvrerie : « on est tous faits de papier, fragiles comme des allumettes, on peut, on peut, sans les mains, sans les pieds ». ©© | ![]() |
⇒ Titre : LES VACANCES
⇒ Auteur / compositeur : RIT QUI QUI
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’Autre Distribution – 2019
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Un disque alerte, avec une certaine virtuosité dans la manière de dire/chanter les textes. Les musiques sont toutes intéressantes : La Banquise gronde est un bon exemple de l’air frais qu’apporte ce disque, surtout si on a eu la malchance d’écouter avant quelques autres productions abonnées au rayon des poncifs. Les Moustiks a un air de Double Six, à moins que ce ne soit un clin d’œil à Richard Gotainer. Alors que dans certains disques l’intérêt se ramollit au fur et à mesure de l’écoute, ici c’est plutôt l’inverse. Un peu dingo, qui fait du bien dans les oreilles. |
⇒ Titre : ET APRÈS, C’EST QUOI ?
⇒ Auteur / compositeur : PASCAL PEROTEAU
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’Autre Distribution – 2019
Si la poésie est la musique que chacun porte en lui, alors les mots et les chants sont les compagnons auxquels tous les enfants ont droit quand ils sont proposés comme le fait Pascal Peroteau. Il ouvre le grand livre des poèmes qui continuent à bercer les plus jeunes comme les plus âgés, et qui ne sont autres que les livres d’images de la vie. Jean de La Fontaine, Robert Desnos, Maurice Carême, Paul Fort, et même Esope, sont sollicités, comme pour rappeler que l’humour n’est pas gaudriole, que l’imaginaire ne se construit pas à coups d’effets tapageurs. L’artiste se soumet à un défi difficile : faire suivre chaque poème emprunté d’un commentaire chanté ou dit, avec une grande virtuosité de la parole musiquée. C’est ainsi que la fable du Corbeau et du Renard est prolongée par la véritable histoire du fromage où de toutes façons le corbeau finit perdant. Le bœuf, quant à lui, souhaitait changer de vie : une fée le transforma en grenouille, ce qui n’était pas ce qu’il avait imaginé. Quelques accords de guitare en contretemps pour commencer, clarinettes onctueuses, sanza et ukukélé alertes, la musique comme la voix se fait légère et convaincante pour faire bonne escorte à ces joyaux poétiques. ©© | ![]() |
⇒ Titre : L’ÉCHAPPÉE BELLE
⇒ Auteur / compositeur : SÉRÉNA FISSEAU & AIMÉE DE LA SZALLE
⇒ Éditeur / Diffuseur : Braques – 2019
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Chansons à deux voix, parfois a cappella, sur des poèmes dont la qualité et la pertinence du choix sont incontestables Jacques Charpentreau, Raymond Queneau, Maurice Carême et autres. Le tout encarté dans un très beau livre. La réalisation est soignée, tant du point de vue de la mise en voix-chantée de ces textes que la sobriété de l’accompagnement musical : le choix artistique est très à propos et donne à cette production l’occasion d’avoir bénéficié à juste titre d’un Coup de Cœur de l’Académie Charles Cros. ©© |
⇒ Titre : CHEVANCE – OUTREMUSIQUE POUR ENFANTS
⇒ Auteur / compositeur : RADIO MINUS
⇒ Éditeur / Diffuseur : Born Bad Records – 2019
Impossible de traduire l’émotion quand, découvrant le CD, on croit ressortir l’un des 45 tours qui a accompagné nos écoutes de chansons avec les enfants entre 1975 et 1985. Et plus étonnantes encore, quand le CD est avalé par le lecteur, les premières musiques qui font s’exclamer de surprise : incroyable comme cette période était inventive ! époustouflant comme les musiques et les compositions sont infiniment plus modernes que bon nombre de productions d’aujourd’hui ! Quels textes ! Quelles musiques ! Quelles audaces ! Quelle imagination, où l’on retrouve tous ceux qui ont fait souffler sur ce répertoire un vent d’inventivité dont on demeure étonné, 40 ans plus tard, qu’une telle force ait habité auteurs et compositeurs qui ne concédaient en rien à aucune démagogie, qui inventaient tous les sons jusque-là inouïs, qui composaient des orchestrations en dehors des chemins balisés. Mechali, Waring, Rollet, Gibert, Merle, Sclavis, Méchin, Mayoud mère et fils, Savouret, Anne et Gilles mettaient en voix La Môme Néant, Tardieu, Desnos, jouaient avec le son de la peau, de la langue, des doigts, et bien d’autres prouesses avec le soutien du producteur Philippe Gavardin inventeur de la collection Chevance. Tous méritent qu’un jour on écrive l’histoire de cette jeune chanson qui n’a pas pris une ride et que l’on restitue tout ce que des générations d’enfants de 4 à 84 ans leur doivent. On ne parlait pas à l’époque d’éducation artistique et culturelle, on était dans le grand bain. Un immense merci à Radio Minus pour ce superbe travail de mémoire, en souhaitant que d’autres disques de la collection nous soient offerts. ©© | ![]() |
⇒ Titre : LE CARNET DE CHANTS
⇒ Auteur / compositeur : MANDARINE
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’Autre Distribution – 2019
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La première chanson (Bergamotte) est surprenante, mais quand on va de titre en titre on découvre à la fois un style général d’écriture qui ne manque pas d’audaces harmoniques et mélodiques, et une orchestration variée mais néanmoins homogène. Le titre traditionnel Jean-Petit qui danse est revisité de manière sympathique et efficace pour la danse. Pas toujours facile de se repérer dans les plages entre version complète, playback avec conduite mélodique et playback sans mélodie. Mais le livret est abondant, avec une somme de renseignements qui intéressera les animateurs. Pour le disque B (chansons), j’apprécie l’écriture musicale tant pour les modulations ou variations en enharmonie (Grand-Père Printemps, Le grand livre, Le petit message) que les arrangements qui manifestent une maîtrise de l’écriture mélodique et harmonique. Les partitions sont données avec précision, même si l’interprète en prend et en laisse avec l’écriture (Mes amis inconnus). Malgré le caractère un peu démonstratif de l’ensemble, y compris avec la troisième partie (disque C) qui se présente comme « créative » et est moins convaincante sur l’objectif, l’ensemble mérite une place à défendre. |
⇒ Titre : MANQUE À L’APPEL
⇒ Auteur / compositeur : TONY MELVIL & USMAR
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’Autre – 2019
Un récital où en matière de musique la part belle est faite à la programmation d’instruments électroniques, avec tous les formats d’écriture aisés à repérer, ainsi que toutes les variations au sein de boucles et autres cellules vouées à jouer le rôle d’ostinato. Sur ces supports synthétiques et rythmiques se développe un chant à une ou deux voix, où les mots dits génèrent peu à peu des séquences mélodiques (Polichinelle, l’un des bons exemples des modes de fabrique du groupe, où les sonorités instrumentales accompagnent, au sens premier comme au sens musical, la diction-chant du texte). Un climat qui devient de plus en plus convaincant au fur et à mesure de l’écoute (J’ai pris des congés, Jardin secret). ©© | ![]() |
⇒ Titre : TIC TAC TOCK
⇒ Auteur / compositeur : RACHEL PONSONBY
⇒ Éditeur / Diffuseur : Victor Mélodie – 2019
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Un grand bain de fraîcheur. D’abord avec l’accent délicieusement anglais de la narratrice, ensuite pour les musiques originales qui naissent aussi simplement qu’un babil d’enfants. Ainsi Les Poules du matin ou l’horloge partent de sons élémentaires et ouvrent sur une musicalité, avec ou sans instruments, qui combinent épure, simplicité, poésie, candeur, rayonnement, et cent autres sentiments qui respirent la vérité et non la construction alambiquée. Musiques agréables, superbes, authentiques, qui passent de l’anglais au français comme on espère que ce pourra être le cas malgré un malheureux Brexit. A conseiller vivement pour nous laver de tant d’imbécilités politiques. Pas de livret d’accompagnement, mais on n’en a pas besoin, il suffit d’écouter. Génial dans la manière de faire surgir les chansons (splish splash, ou la pluie avec des métronomes selon une arythmie que n’aurait pas désavoué Ligeti). ©© |
→ 3 – CHANSONS ET MUSIQUES DU MONDE ←
année 2020
⇒ Titre : AFRIQUE DU SUD – COMPTINES, DANSES ET BERCEUSES
⇒ Auteur / compositeur : SAM TSHABALALALA
⇒ Éditeur / Diffuseur : ARB Music – 2020
Alerte, plutôt enthousiasmant même si les thèmes des chansons ne sont pas tous très gais. Les courtes présentations de chaque titre (à aller chercher sur un pdf) sont claires et utiles pour se mettre à l’unisson de ce qui est chanté, et surtout si l’on veut faire découvrir à des enfants ce qui est chanté dans un autre hémisphère. Les chansons sont agréables, fort bien interprétées, et offrent sur ce pays la confirmation de la richesse de son patrimoine musical. | ![]() |
⇒ Titre : COMPTINES ET BERCEUSES DE VANILLE
⇒ Auteur / compositeur : NATHALIE SOUSSANA – JEAN-CHRISTOPHE HOARAU
⇒ Éditeur / Diffuseur : Flam – 2020
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Didier Jeunesse nous habitue depuis longtemps à une production de qualité, confirmée ici par la compétence de l’équipe Nathalie Soussana / Jean-Christophe Hoarau. On ne peut douter de l’authenticité des interprétations. La traduction des chants interprétés en langue locale est inscrite en dessous de chaque vers, les variations sur Frères Jacques sont amusantes et la notice en donne quelques éléments d’explication (dont la thèse générale soutenant que la composition serait de Jean-Philippe Rameau). Les chansons recouvrent une large géographie de l’Afrique (du Kenya à l’Afrique du Sud en passant par Madagascar et les iles de l’Océan Indien). Un beau tour d’horizon pour les bibliothèques Chants du monde. |
⇒ Titre : STAR FEMININE BAND
⇒ Auteur / compositeur : CHŒUR FÉMININ DU BÉNIN
⇒ Éditeur / Diffuseur : Born Bad Records – 2020
Garage rock, est-il dit sur la pochette. Plutôt savane rock, ai-je envie de d’écrire. Du vrai rock, effervescent et pas imitateur des modèles en vogue, mais prenant dans cette musique tout ce qu’il y a d’énergie, de désir de vivre, de sensibilité à fleur de peau. Ce disque met au contact d’une hardiesse communicative aisément transmise, dont la puissance vocale, la précision rythmique, montre que ces femmes ont la poigne vocale pour parler d’elles-mêmes et faire savoir ce qu’elles ont à dire sans qu’on dise à leur place les valeurs qu’elles veulent défendre. J’ai lu sur la pochette de quoi parlent les chansons : ce sont évidemment des problèmes qui taraudent la condition féminine en Afrique (et ailleurs). Comme moi, les enfants ou les adolescentes ne comprendront pas les paroles, qui ne sont pas transcrites : la belle affaire ! Qu’on écoute la musique, tout est dit. Jacques Higelin aurait aimé cette musique tombée du ciel. | ![]() |
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année 2019
⇒ Titre : LES BEDAINES DE COTON
⇒ Auteur / compositeur : CYRIL MAGUY
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2019
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En prenant possession de l’ouvrage, on ne peut qu’être attiré par les illustrations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles renouvellent le genre des livres-disques pour jeune public. La genèse de cet ensemble se rattache à un amour du musicien français pour le blues, qui s’en va rechercher les sources de cette musique en écrivant des paroles sur des airs captés sur les bords du Mississippi. L’un des nombreux intérêts est d’avoir fait des chansons qui racontent l’histoire du blues, lesquelles vont bien au-delà d’une narration écrite pour un récitant. La musique avec ses instruments typés, washboard, bottleneck ou autres, les chants racontant la vie de Charley Patton, musicien célèbre du lieu, les instrumentistes accompagnant l’artiste, tout est conçu pour être un véritable livre sonore de cette histoire monumentale dont on sait combien elle a révolutionné la pratique d’une musique authentiquement populaire et indubitablement artistique au point d’avoir influencé d’innombrables compositeurs de la planète musicale. ©© |
⇒ Titres : CONGO, COMPTINES, DANSES ET BERCEUSES KASAÏ & TOGO, COMPTINES, CHANSONS ET BERCEUSES
⇒ Auteur / compositeur : MARYSE NGALULA / AMEN VIANA
⇒ Éditeur / Diffuseur : ARB Music – 2019
Deux disques d’égale facture, offrant un répertoire authentique, l’un et l’autre intéressants pour découvrir le chant dans sa teneur originale. Il s’agit vraiment de chansons traditionnelles, et même si l’on n’a pas toutes les informations sur le contexte de leur naissance, on ne peut que participer à l’ambiance créée par les voix sachant recréer par leur tonicité, leur interprétation, leur mise en situation : l’auditeur est au milieu de la danse et s’associe à ces histoires retraçant la vie quotidienne : on peut télécharger les paroles sur un complément du CD, dans la version phonétique pour ce qui est de l’original et la traduction française. ©© | ![]() |
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⇒ Titre : ALBA, VOYAGE MUSICAL EN ANGLETERRE
⇒ Auteur / compositeur : ZAPH ZAPHA
⇒ Éditeur / Diffuseur : La Caza Editions – 2019
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D’abord une entrée en musique qui fait replonger dans les grandes heures du rock, avec une vraie guitare, une vraie batterie, un son d’époque. Et l’on poursuit le voyage avec des chansons du répertoire réorchestrées, réharmonisées, réinterprétées, autrement dit un travail de recréation, associant un traditional anglais avec un air français : exemple Mulberry bush et Auprès de ma bonde. La musique affiche ses références, elle est vigoureuse à souhait sans craindre l’espièglerie. Avec des enfants qui chantent en anglais quand c’est anglais, et français quand c’est français. Une réussite totale. ©© |
⇒ Titre : CAMEROUN, COMPTINES, JEUX ET BERCEUSES
⇒ Auteur / compositeur : EMILIO BISSAYA
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’Autre – 2019
C’est un grand bonheur d’entendre une voix qui laisse devenir une grande tendresse accompagnée d’un grand sourire, chanter et raconter des histoires de girafe, de pêche au kanga, ou d’inviter les enfants à jouer à tirer à la corde ou à s’échanger main sur main. Les chansons sont dans le langage original, et chacune est entremêlée de séquences en français, moitié traduction moitié commentaire. Le tout, intelligemment construit, est accompagné superbement au « ganzaval », instrument traditionnel du Cameroun : il s’agit d’une petite harpe à 7 cordes, habituellement joué par les pygmées, et dont Emilio Bissaya est un grand spécialiste. D’autres complices sont également sollicités, pour le chant ou pour le dialogue instrumental : balafon, shereke, caxixi, djembé, et autres instruments de percussion, dont on regrette que la maison ARB ne donne pas aux enfants quelques éléments d’identification dans la pochette plutôt que l’habituel mobile à découper qui ne présente aucun intérêt ni pédagogique, ni ludique, ni artistique, en comparaison de la grande richesse de ces comptines et berceuses africaines si magnifiquement interprétées. | ![]() |
→ 4 – CONTES MUSICAUX – HISTOIRES EN CHANSONS ←
année 2020
⇒ Titre : UN POIRIER M’A DIT
⇒ Auteur / compositeur : MICHÈLE BERNARD
⇒ Éditeur / Diffuseur : EPM – 2020
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Un disque concocté par Michèle Bernard n’est jamais une aventure individuelle, c’est toujours une cassette de trésors à la mesure de ses amitiés qui permettent l’accumulation de tels joyaux. Car Michèle a cette force de réunir autour d’elle des artistes complices qui apportent chacun, dès qu’un projet est en route, une note personnelle en la fondant dans le creuset unique de la poésie et de la musique. Si les chansons de Michèle Bernard touchent tous les âges, c’est non seulement parce qu’elle aborde les sujets dont parlent les enfants et les adultes, chacun avec son regard et en lui donnant la profondeur de son expérience. Ses textes et les poèmes de Jean-Claude Touzeil qu’elle a mis en musique entretiennent une conversation avec le poirier en face de la fenêtre dont l’existence, comme celle de tout être vivant, est d’une grande fragilité. On aimerait pouvoir citer celles et ceux qui ont participé à cette symphonie de couleurs vocales et de teintes musicales, instrumentistes et chœur d’enfants, interprètes pour le chant comme pour le récit du conte, arrangements et illustrations. Que toutes et tous soient remerciés de procurer en nous, à travers ce conte musical, ce spectacle vivant sur la vie qui nous tient à cœur. |
⇒ Titre : SIAM AU FIL DE L’EAU
⇒ Auteur / compositeur : JOHAN FARJOT – ARNAUD THORETTE
⇒ Éditeur / Diffuseur : Flammarion – 2020
Dès la première plage, le climat est donné par la musique : celle-ci, au-delà des interventions parlées, offre un lien qui va bien au-delà du thème retrouvé de plage en plage : une atmosphère qui, loin de jouer sur des clichés folkloriques, crée une ambiance qui rappelle ce film diffusé en 1961. Les images comme la musique restent définitivement imprimées dans la mémoire, et il en va de même avec l’histoire de Siam. Dans la chanson n° 10, tout est dit : « La vie est courte – Doucement c’est pas grand-chose – Un simple événement – La vie est courte ». Ce magnifique livre disque, aventure commune à laquelle ont participé de nombreux artistes, a été enregistré pendant la période de confinement. Il arrive dans les bacs des disquaires dans la nouvelle période de confinement. Et l’on apprend qu’il est en lien avec l’association Le Rire Médecin, aidant les enfants confinés dans un hopital dont l’objectif est de les accompagner pour faire face à la maladie. Le récit est une histoire d’amour. Ce disque est aussi une marque de tendresse qui vient à point pour aider à vivre l’aventure imprévisible des jours. « Traverser l’océan – Défier le mauvais temps – L’histoire de ma vie – Ce rêve accompli… » | ![]() |
⇒ Titre : HMM ! C’EST BON POUR TA PLANÈTE
⇒ Auteur / compositeur : LAURENT DESCHAMPS
⇒ Éditeur / Diffuseur : L’autre Distribution – 2020
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Sur un air de valse accompagnée par des sons d’orgue de Barbarie, le disque s’ouvre par une chanson en hommage à la terre, qui joue avec le soleil en tournant comme cette musique à trois temps, terre nourricière, surtout. On comprend rapidement le projet : faire apprécier ces choses simples que sont les saisons, le soleil, la pluie, les légumes, tout en maugréant en chansons contre les vaporisateurs de pesticides et autres produits chimiques qui polluent tout, tout, tout. Et empêchent de faire la bonne cuisine. La terre est notre maison, nous ne sommes que locataires de cette planète Terre. : « Quelle chance nous avons ». On se quitte sur cet émerveillement. |
⇒ Titre : SALSA
⇒ Auteur / compositeur : Édouard Manceau
⇒ Éditeur / Diffuseur : Benjamins Media – 2020
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Histoire qui commence par la présentation des instruments, trombone, trompette, etc., et qui se suit avec un livre illustré de façon sympathique. Sympathique est le premier le mot qui m’est venu au fur et à mesure de l’écoute en suivant le livre page à page, mot peu à peu remplacé par séduisant jusqu’à la chanson finale qui sonne salsa et non imitation au rabais. Production qui devrait rencontrer un réel intérêt chez de très jeunes enfants, mais aussi chez leurs aînés. |
⇒ Titre : DROITS DE L’ENFANT, CHAUD DEVANT
⇒ Auteur / compositeur : RADIO LINGLANGUES
⇒ Éditeur / Diffuseur : Trois petits points – 2020
Le disque commence par une émission de radio construite et conduite par les enfants ; ou plus exactement ce CD s’ouvre sur un ensemble de réflexions et d’interventions montées à la manière d’une magazine radio. Les droits de l’enfant sont rappelés de diverses manières au fur et à mesure des plages : choix d’articles parmi les 54 de la convention internationale des droits de l’enfant, commentaires spontanés ou rédigés, en plusieurs langues, relatant la façon dont des enfants ont eu à souffrir de l’atteinte à ces droits, interviewes de personnes ayant eu à défendre ces droits ou à accueillir chez elles de jeunes immigrés, le tout entrelardé de chansons de divers pays du monde. Beaucoup d’enfants et d’adultes ont participé à cette réalisation, ce qui lui donne une grande unité malgré un apparent éparpillement qui n’est autre que le reflet d’une pensée enfantine : elle essaime dans toutes les directions, c’est là sa véritable richesse. Pas étonnant qu’en finale on ait un certain nombre de revendications à hauteur d’enfance, et par chance celles-ci ne sont pas écrites dans un livret. Si on veut se les remettre en mémoire, alors il faut réécouter les enfants, et l’accent avec lequel ils les formulent. | ![]() |
⇒ Titre : LE CHIEN QUI CHERCHAIT UN AMI
⇒ Auteur / compositeur : ANNE LEVIEL
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Jardin des mots – 2020
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Ce conte se présente sans fioritures inutiles, il est dit avec simplicité, avec quelques ponctuations musicales discrètes. Il est construit sur une progression en 3 étapes + 1, avec un sympathique refrain parlé (« deux Tout-seuls » et « deux à deux ». Un modèle du genre. Une belle réalisation à mettre sur le même plan que la suivante, émanant de la même maison d’édition. |
⇒ Titre : LA GOUTTE DE MIEL
⇒ Auteur / compositeur : MURIEL BLOCH
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Jardin des Mots – 2020
J’aime la formule où sur le disque il y a des chansons, et sur le livre une histoire, qu’on lit ou qu’on ne lit pas selon le niveau d’accroche qu’on a eu (ou pas eu) avec les chansons. Les illustrations sont belles, comme celles qu’on aimait du temps où on feuilletait les albums du Père Castor. Mais le musicien fait son repas d’abord avec ce qui lui est proposés entre les oreilles. Le résultat est sans reproche, et fort attrayant. Même si toutes les chansons ne sont pas sur le même niveau. Lorsqu’on arrive sur La Confiture, on a encore en tête la version des Frères Jacques. Ce sommet de l’art de la chanson, fort bien revisité ici, est hélas suivi par Tous en scène : on a un peu l’impression de tomber dans la fosse, ou dans un bal de 14 juillet pour familles. Mais cela n’empêche pas de faire son choix dans l’ensemble pour une écoute sereine et agréable. | ![]() |
⇒ Titre : PLATERO ET MOI
⇒ Auteur / compositeur : JUAN RAMON JIMENEZ , CLÉMENT RIOT
⇒ Éditeur / Diffuseur : Oui-Dire , A la marge – 2020
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Ce projet est ambitieux. Avec sa facture bilingue intégrale (livre et enregistrement), il mérite d’être vivement encouragé. On aimerait avoir le même en anglais !… La guitare, très présente par rapport au texte, est tellement bien faite qu’elle en est indissociable : une alliance réussie entre le mot et la musique. Je me suis laissé dire qu’il s’agit d’une réédition : c’est donc que cette réalisation a été un succès au temps de sa sortie, et qu’il est heureux, quand on n’a pas eu la chance d’être présent au moment important, d’avoir ce rattrapage. |
⇒ Titre : L’ÉPOPÉE DE GILGAMESH
⇒ Auteur / compositeur : CLAUDIE OBIN
⇒ Éditeur / Diffuseur : Ouï-Dire – 2020
L’histoire commence à Sumer. C’est le titre d’un livre qui eut un grand retentissement vers 1960, racontant comment une civilisation était née en Mésopotamie dans les années 3.000 avant notre ère, dans cette région au sud de l’Irak. Depuis le milieu du 19èmesiècle des savants cherchaient à percer le mystère de cités dont ils trouvaient les signes d’une langue (sémitique) et d’une écriture (cunéiforme) qui donnaient, par ricochet, l’explication de nombreuses civilisations qui prirent la suite dans le Proche Orient et dans les pays bordant la Méditerranée. C’est ainsi que naquit la légende épique du roi-héros Gilgamesh et d’autres récits légendaires dont on retrouve des adaptations dans plusieurs récits bibliques, dont les plus célèbres : la Création, les Enfers, le Déluge. Deux CD retracent, à travers des extraits, cette épopée de Gilgamesh. La contrebasse intervient de façon cosmique dès le début, dans les sonorités graves et puissantes comme il sied à un texte qui raconte l’origine du monde et de l’humanité. Claudie Obin donne une voix passionnée et passionnante pour raconter comment à l’origine il n’y avait rien, la terre n’avait pas de nom, le ciel n’était pas nommé, et comment les eaux douces et les eaux salées se sont mêlées pour donner naissance au monde d’en haut et au monde d’en bas, qui se sont frottés, frottés, et ont donné naissance au premier des petits dieux, Anou. Les enfants et les adolescents qui adorent l’étude des mythes anciens, les adultes qui seront surpris de découvrir d’où proviennent les mythes racontés dans la Bible, tous seront passionnés par ces récits qu’il est impossible de nos jours d’ignorer à une époque où la folie des hommes est en train de ruiner tous ces souvenirs de l’origine de l’humanité, Irak, Syrie, Iran, et autres pays du Proche Orient. La maison d’éditions Ouï-Dire a eu l’heureuse idée de rééditer ces deux disques essentiels pour tous ceux qui, comme moi, sont passés à côté de la première édition discographique. | ![]() |
⇒ Titre : MONSTRES ET ANIMAUX FANTASTIQUES
⇒ Auteur / compositeur : CHRISTINE LAVEDER
⇒ Éditeur / Diffuseur : Ouï-Dire – La puce à l’oreille – 2020
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Grande économie de déballages instrumentaux. Une épure dans la voix aussi bien que dans la diction. Pas d’effets inutiles. Un récit, proche, convaincant, qui parle au creux de l’oreille aussi bien qu’au cœur. Les trois textes dits par Christine Laveder sont une réussite totale. Et la musique qui termine la licorne comme celle qui conclut l’amphisbène et fait le lien avec le prince Serpent est à la fois une vraie respiration et un authentique accompagnement. Une parfaite réussite. |
⇒ Titre : SOURCE(S)
⇒ Auteur / compositeur : SIMON GAUTHIER
⇒ Éditeur / Diffuseur : Ouï-Dire – Rumeurs rebelles – 2020
Belle histoire, également, dite avec l’accent qui nous embarque au loin, et qui en même temps nous parle au creux de l’oreille. La formule de présentation sur le livret dit l’essentiel : « L’abondance crée l’ignorance, la rareté crée l’importance. C’est clair comme de l’eau de Source(s) ». Et surtout, quand on sait combien les écoles se ruent sur cette thématique de l’eau au point d’en faire un projet de classe, cela peut aider non seulement les enseignants, mais aussi les enfants à voir un peu plus loin que le robinet ou le ruisseau du coin. | ![]() |
⇒ Titre : LOUPAPAPOLUL
⇒ Auteur / compositeur : THÉOPHILE ARDY & ROMAIN LATELIN
⇒ Éditeur / Diffuseur : Amstar Prod – 2020
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Dès l’abord l’ensemble, par sa conception, retient l’attention et suscite une écoute soutenue, alternant chanson et commentaire parlé sur la situation du loup. Dans la version soft du loup qui n’est pas seulement l’horrible bête qui fait peur aux petites filles dans la forêt, le récit est plutôt plaisant, voire attendrissant. Pas seulement l’exécrable bestiole qui attaque les moutons des pauvres bergers et que maudissent les éleveurs de brebis. Le loup a une longue histoire derrière lui, et même avant que les écolos ne prennent son parti, beaucoup d’artistes avaient pris sa défense : s’est-on posé la question de savoir s’il avait une famille, s’est-on demandé si, « petit ou grand, on n’avait pas un méchant en nous » ? Le dossier est ouvert depuis longtemps, et d’ailleurs il y a longtemps que les enfants ne croient plus au loup, même si, comme avec la dernière plage du disque, ils continuent à jouer à se faire peur en se promenant dans les bois pendant que le loup y est. |
⇒ Titre : DUCAN ET LA PETITE TOUR EIFFEL
⇒ Auteur / compositeur : JÉRÔME ATTAL – THÉO ABOUKRAT
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2020
En fait il ne faut pas s’y tromper. Si l’on écoute soigneusement l’histoire, les rencontres de Duncan avec l’écureuil qui s’est perdu dans le brouillard ou avec l’homme fort des Halles ne sont qu’un habillage pour l’essentiel : une fable sur le souvenir, dont les plus beaux ne sont pas nécessairement ceux qu’on voit dans une vitrine ou sur une étagère, mais ceux qu’on change en histoires pour les raconter aux autres. Et aussi l’idée qu’un sourire devient toujours un souvenir. Outre l’histoire, le livre-CD comporte de très belles chansons, avec des accompagnements ciselés finement, sans craindre les sons distordus quand il s’agit de rats râleurs en disgrâce avec les chats (n° 22), ou les virevoltes de l’archet sur le violoncelle quand il s’agit de savoir à quoi ça sert d’être fort (n°27). Les accompagnements sont porteurs de mélodies fluides, souvent avec une guitare jouée en picking, soutenue par un piano et un violoncelle : La chanson « Le marchand de sourires » (n° 13) est une merveille de douceur, discrétion et tendresse. Un livre-CD dont on se souvient, et qu’on ne range pas sous une pile dans un placard. | ![]() |
⇒ Titre : ROCK THE CAVERN
⇒ Auteur / compositeur : CYRIL MAGUY
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2020
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Après un générique qui fait douter que l’on aura une histoire bien sage, on entre directement dans les archives de la préhistoire avec une guitare saturée à souhait et un rock comme on l’a aimé dans sa grande époque, ce qui pour certains d’entre nous est de l’archéologie. Et donc le professeur Maguy, dont un dossier de presse dit qu’il a fait un centre de formation de musiciens intervenants à Tours, sait que la musique pour les enfants faite avec des carillons et des xylophones, c’est cela l’époque antédiluvienne des pratiques pédagogiques. Et en même temps il ne suffit pas de prendre une Gibson d’époque, un ampli Fender et une Pearl Pure Rock, il faut avoir eu les oreilles nourries au bon rayon alimentaire. Et surtout, il faut ce que l’on a souvent réclamé dans les productions pour enfants et dont on voit l’efficacité ici : une vraie direction artistique, qui sache de quoi est faite la musique que l’on veut promouvoir. Et pour les adultes qui regrettent le temps du pipeau, ils pourront se rattraper sur un récit alerte et plaisant. |
⇒ Titre : JOEY ET LES REX PISTOS – L’AFFAIRE MERCURY
⇒ Auteur / compositeur : RÉMY VIDAL
⇒ Éditeur / Diffuseur : Trois Petits Points – 2020
L’histoire est foldingue, scandée par des bouts de chansons écrites par les Rex Pistols et évoquant quelques classiques du genre. Quand on traverse des saisons bizarres de confinement, cela procure beaucoup de bien d’écouter des récits sympas grâce à leur côté potache. Et comme Trois petits points remplace le livret du texte par une DB format affiche, on cherche à quelle case se rattache l’endroit où l’on en est du récit. Certains jeux de mots, même faciles, ne seront pas nécessairement compris des enfants, mais le salon de coiffure vantant les produits Loreol ou Chanul amuseront les adultes pendant que les enfants écouteront l’histoire. A conseiller pour les jours de grisaille. | ![]() |
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année 2019
⇒ Titre : LES ÉVEILLEURS DE MOTS
⇒ Auteur / compositeur : PASCAL BRUCKNER
⇒ Éditeur / Diffuseur : Glénat – 2019
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Très beau livre, magnifiquement illustré. Une histoire fortement symbolique à travers un suspense dont on ne sait pas d’avance comment se sortiront les deux héros, Sonia et Joseph. Mais surtout un récit chargé d’une symbolique forte : les retrouvailles avec des mots déjà morts mais pas totalement puisqu’ils resurgissent et que, malgré tous les efforts pour les conserver en état de léthargie, un peu comme les âmes des enfers mythiques de la Grèce, quelques-uns arrivent à se réveiller pour de bon. Cette histoire change des habituels contes, peut être appréciée aussi bien en famille que pour une bibliothèque scolaire, avec un personnage d’institutrice encourageant à contre-institution ce travail d’exploration du passé des mots. Le récit est admirablement dit par Pierre Arditi. Un magnifique cadeau de fin d’année. Un magnifique ouvrage à conserver dont le contenu peut être développé en tous lieux et en toutes circonstances, études ou loisirs. |
⇒ Titre : LE PETIT NUAGE
⇒ Auteur / compositeur : EMMANUEL DA SILVA
⇒ Éditeur / Diffuseur : Actes Sud Junior – 2019
J’ai écouté plusieurs fois de suite le disque. La route était longue et je n’avais pas envie de quitter cette ambiance créée par ce piano, cette voix, ce climat, cette mélodie, ce chœur d’enfants. Il ne se passe rien, mais tout prend un relief qui me comble encore en écoutant ce CD pour la énième fois. Si j’avais eu à présenter ce disque à des étudiants, j’aurais certainement longuement développé ce qu’est un conte poétique, c’est-à-dire un conte musical, c’est-à-dire un voyage dans un imaginaire qui n’est pas un simulacre de pacotille, mais une vraie plongée dans l’onirique tant par les mots que par la musique. Satie n’aurait pas renié cette enveloppe harmonique, Henri Michaux aurait approuvé cette écriture, c’est pour moi l’une des belles révélations de cet automne 2019 ©© | ![]() |
⇒ Titre : CHANSONS D’AMOUR POUR TON BÉBÉ
⇒ Auteur / compositeur : JULIE BONNIE
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2019
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Après une longue invitation au violoncelle, un très beau texte, poétique, introduisant une chanson dont on ne peut que s’abandonner au charme des mots, de la voix, de la musique. Un exemple plage 5 : « Le petit grince et joue / de la scie musicale ». Et en guise de scie musicale, on entend un violoncelle à la voix grave. L’ensemble fourmille de pas de côté qui empêchent de deviner la suite. « La poésie sauvera le monde », a écrit récemment Jean-Pierre Siméon. Elle sauvera aussi la chanson. Elle sauvera les artistes qui ne se laisseront pas aller à la facilité. « Dans l’aurore dorée de paille, les mots s’élèvent ». Ce disque me rappelle un des plus beaux films vu il y a une cinquantaine d’années : l’Ile Nue, où il ne se passe rien, une femme va chercher de l’eau pour arroser les plantes, avec une musique épurée qui se prolonge comme un chant enfoui secrètement dans le paysage. ©© |
⇒ Titre : LA BÊTE À SEPT TÊTES
⇒ Auteur / compositeur : CLÉMENT GIBERT, CLÉMENCE COGNET, OLIVIER BOST
⇒ Éditeur / Diffuseur : ARFI – L’Autre Distribution – 2019
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Insérer un CD de l’ARFI dans un lecteur de disques, c’est accepter d’avance de se laisser déposséder de son confort et se dire qu’on va pouvoir écouter des musiciens trifouiller les sons, c’est à dire fouiller une fois, deux fois, trois fois leur texture et leur combinaison. On n’est jamais perdu, car le corps est là dès l’entrée, le pas de bourrée permettant à une clarinette, un trombone, un violon, de faire chacun leur danse. Au terme de la première plage, tout est en place pour nous donner envie d’écouter comment autrefois, par un hiver des plus froids, s’arrêta net la rivière. Le conte nous ramène aux temps anciens où la bête à sept têtes, vilaine créature, effrayait la contrée. Clément Gibert a estimé, en explorant diverses musiques avec ses amis musiciens, que les histoires que l’on racontait sur elle n’étaient peut-être pas authentiques, ou en tout cas pas complètes. Les traditions ne perdent rien à être revisitées. Et tous savent, à l’ARFI, que non seulement la vérité sort souvent de la bouche des enfants, mais aussi les bonnes solutions. « En nommant la bête, en lui donnant sept petits noms, elle serait peut-être moins méchante pour un oui ou pour un non ». Désormais, ainsi intronisée, on ne la considère plus comme un monstre, car elle est devenue très très fière : quand on la rencontre sur les routes, ou quand elle prend des cours de trombone ou de violon, elle donne son nom. Et la rivière s’est remise à couler, comme cette musique aux couleurs nouvelles, inhabituelles, lumineuses et secrètes à la fois : les trois artistes ont pris le temps de nous faire entrer dans un folklore imaginaire, mais en rien éloigné des préoccupations de l’enfance et de l’âge adulte. ©© |
⇒ Titre : LE GÂTEAU DE OUISTITI
⇒ Auteur / compositeur : CÉCILE BERGAME
⇒ Éditeur / Diffuseur : Didier Jeunesse – 2019
Un disque qui se laisse écouter avec plaisir, bien dit, pleinement adapté pour des enfants de 3-4 ans : une diction claire, proche, attachante, avec un accompagnement musical dans la finesse et la sobriété, pas nécessairement très original mais de très bonne facture et de bon goût. Il n’y a pas de morale à cette histoire, simplement un petit éclat de rire, parce que Ouistiti s’est finalement fait avoir par une souris maligne qui a mangé le gâteau. Et du point de vue de la construction du récit, la première séquence avec le trou dans le sucre qui laisse apparaître les moustaches de la souris et la dernière séquence avec le trou dans le gâteau et la souris qui s’en va, coquinement, montre la maîtrise de l’auteur dans l’écriture d’une histoire. Beau livre et belles illustrations des différents chapitres. | ![]() |
⇒ Titre : ON NE VA PAS SE LAISSER FAIRE
⇒ Auteur / compositeur : RICHARD MARNIER
⇒ Éditeur / Diffuseur : Benjamins Media – 2019
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J’étais en voiture, je l’ai écouté deux fois de suite tellement j’ai trouvé cette histoire fraîche, musicalement accompagnée de façon agréable, dite de belle façon sans exagération mais humour bien venu (par exemple les é é é chaque fois que parle l’agneau). La structure du récit est simple et efficace, avec le refrain « On ne va pas se laisser faire », et bien si. Et jusqu’à la fin on a le même refrain, avec une petite modification : on ne va pas les laisser faire ? Eh bien si. Je l’ai réécouté une troisième fois intégralement pour vérifier que je n’étais pas sous l’emprise d’un euphorisant. Je ne vais pas me laisser avoir ? Eh bien si ! ©© |
⇒ Titre : LALALA EST LÀ !
⇒ Auteur / compositeur : JULIE BONNIE
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Label dans la forêt – 2019
La première plage est pleine de promesses : ton de la récitante, musique électronique discrète, originale, sobre. On passe à la suite avec intérêt. Ensuite on passe directement à la plage 2 avec une chanson qui est dans une autre esthétique musicale, simple dans la facture mélodique et harmonique. Troisième plage, c’est le texte du livret qui est en parlé rythmé sur percussions de bongos qui en chaînent avec le chant « T’es mon amie ». 5ème plage, autre façon de lire le texte, suivie de la chanson Je t’aime, avec une autre orchestration. A la douzième plage , nouvel accompagnement musical original pour une belle chanson. Le livret est beau, toutes les chansons ne présentent pas le même intérêt, mais la variété permet de faire un choix en fonction de ce que l’on souhaite. | ![]() |
⇒ Titre : VICTOR ET LE UKULÉLÉ
⇒ Auteur / compositeur : KANDID
⇒ Éditeur / Diffuseur : InOuïe – 2019
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J’ai pris ce disque après d’autres regorgeant d’histoires de faux rêves peu imaginatifs. Et voilà que j’entends une histoire qui me rappelle que moi aussi, enfant, j’étais petit et que j’avais récolté divers surnoms : puce, poussin, etc. Je me réfugiais comme Victor dans le grenier, et je me construisais un monde imaginaire, comme dans le disque, non pas en parlant avec une araignée ni pour jouer avec un ukulélé, mais pour me raconter un théâtre imaginaire avec tous les objets poussiéreux entassés depuis longtemps. Victor, à partir de là, a pris un autre chemin, il a inventé des chansons avec son ukulélé. Comme l’instrument, qui se contente de 4 cordes, alors que la guitare en a 6 et le piano 88 touches, les chansons de Victor sont simples, dépouillées, mais pas indigentes. Un vigoureux applaudissement pour cette histoire et sa musique qui finit sur la résolution d’inventer soi-même la suite : « je vais aller lui parler… » ©© |
⇒ Titre : NOUS SOMMES FAITS L’UN POUR L’AUTRE
⇒ Auteur / compositeur : JIN ER
⇒ Éditeur / Diffuseur : Montagne secrète – 2019
Superbe livre, superbes dessins, mais surtout superbe lecture page après page, de ce qui n’est pas une histoire, mais une conversation sur mille sujets tous aussi importants les uns que les autres, car ils concernent la vie de tous les jours, ce qui en fait le prix, le bonheur, la tristesse, l’espoir. Un instrument discret accompagne page à page la lecture, on peut arrêter, revenir en arrière, certainement pas tout lire à la suite. On peut aller au milieu, chaque page est une tranche de vie évoquée avec des mots simples, à partir de laquelle on peut dévider toutes les expériences personnelles qui s’y rapportent. Un livre lumineux, comme la voix qui le met en espace sonore. | ![]() |
⇒ Titre : LE SAKAKOUA
⇒ Auteur / compositeur : PHILIPPE CAMPICHE
⇒ Éditeur / Diffuseur : Le Jardin des mots – 2019
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Des histoires qui s’emboîtent les unes dans les autres sans s’embarrasser de transitions autres que la thématique en filigrane : le conte est le meilleur ferment de survie, c’est là où l’on trouve toutes les solutions, à l’image de la petite souris, maligne comme pas deux. Tout cela introduit par un violoncelle, seul, et qui contre-chante avec le récitant qui devient fredonneur de chansons. Pas vraiment des chansons comme sur les disques, mais des chansons comme celles qu’on invente tout seul dans sa chambre, son jardin ou sa salle de bains. Avec en prime une référence au mythe biblique de la création, à l’image du film « Verts Pâturages » de King Vidor où Dieu Grand-Père est sur son nuage et jette un œil attendrissant sur ce qui se passe sur la terre. L’enregistrement est fait en situation de spectacle avec présence des enfants qui interviennent de temps à autre Les chansons de la carotte ne ressemblent à rien, y compris quand d’autres sont empruntées au folkore enfantin (Dame Tartine, Une souris verte…). Un régal de récit qui brouille les repères, la chronologie, la logique, la construction littéraire, comme dans les rêves. |
⇒ Titre : ZOUGLOUGLOU
⇒ Auteur / compositeur : COLINE PROMEYRAT
⇒ Éditeur / Diffuseur : Didier Jeunesse – 2019
Un conte joliment dit, avec une ritournelle chantée en refrain et qui vient en scansion du récit, au fur et à mesure qu’un nouveau matelot vient compléter l’effectif des marins sur le bateau. Jusqu’à ce que celui-ci chavire quand une puce se met à sauter à son tour dans le bateau. Fin en musique. Deuxième conte : Et vogue la petite souris. Même principe : un récit, avec un refrain chanté entre les différents épisodes de la navigation de la souris. Deux histoires pleines de fraîcheur et de simplicité. Un livre disque à mettre entre toutes les mains de parents et grands-parents qui sauront le distiller aux enfants. | ![]() |
→ 5 – COMPILATIONS DE MUSIQUES CLASSIQUES OU ACTUELLES ←
année 2020
⇒ Titre : TABLEAU D’ENFANCE
⇒ Auteur / compositeur : TRISTAN PFAFF
⇒ Éditeur / Diffuseur : Ouï-Dire – 2020
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Le texte de la pochette est intéressant et instructif, en comparant les pièces de Kabalevski et de Katchaturian avec les pièces équivalentes de Schumann (Scènes d’Enfants, et Album pour la jeunesse). On voit l’intérêt pour les écoles de musique et conservatoires de disposer d’une telle ressource, et de même pour les discothèques. L’intérêt est sans doute moins évident pour une famille dont aucun enfant ne serait pianiste. L’audition en continu sans un rapport direct avec l’instrument demande un effort d’attention, mais cela n’enlève rien à l’intérêt et la nécessité d’une telle entreprise qu’il faut saluer de la part de Tristan Pfaff et d’Ad Vitam. |
⇒ Titre : BELLES BESTIOLES
⇒ Auteur / compositeur : ANA GERHARD
⇒ Éditeur / Diffuseur : La Montagne Secrète – 2020
Un livre-CD parmi les plus séduisants de tous ceux que l’on a eu l’occasion d’avoir rentre les mains et les oreilles. Le plus respectueux de l’enfant, de la musique, de la pédagogie, de l’histoire. Pas de discours sur fond musical, pas de commentaires venant parasiter l’écoute : toute la musique, la musique seule. Si on veut en savoir plus, on va voir le livre, superbement illustré, avec quatre entrées différentes : un rappel de l’insecte qui donne lieu au choix de la musique offerte sur chaque plage, une courte analyse musicale des 20 plages sélectionnées, une biographie des compositeurs, un glossaire très documenté sur les termes musicaux, les genres, les instruments, les modes de jeu, etc. L’ouvrage est sous-titré « Initiation à la musique classique ». Un tableau final montre la place chronologique des compositeurs de 1450 à aujourd’hui, situés dans leur époque (baroque, classique, romantique, contemporaine). Un indispensable pour les familles comme pour les professeurs et les formateurs de futurs enseignants. | ![]() |
⇒ Titre : ANIMAUX MUSICIENS
⇒ Auteur / compositeur : PEDRO ALCADE
⇒ Éditeur / Diffuseur : La Montagne Secrète – 2020
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L’idée est intéressante, mais combiner la lecture avec l’ordinateur ou la tablette, procédure obligée vu la brièveté des séquences sonores, demande une certaine dextérité. Comme les musiques des animaux sont très brèves, on n’a guère le temps de s’arrêter et de les intégrer : on les décrypte, on les analyse, mais on n’en jouit pas comme musique. Des chants des animaux plus généreux en propositions sonores n’auraient point déplu. Néanmoins le livret et bien fait, agréable, documenté, dans une présentation soignée, et trouvera une place méritée dans une médiathèque d’école. |
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année 2019
⇒ Titre : HAPPY JAZZ
⇒ Auteur / compositeur : MISJA FITZGERALD MICHEL
⇒ Éditeur / Diffuseur : Didier Jeunesse – 2019
Les musiques sont choisies parmi les morceaux célèbres du middle. Les histoires accompagnant les titres sont dans l’esprit de la production. Dans le domaine de la compilation, on est toujours heureux de retrouver les pièces qui nous ont fait vibrer quand elles accompagnaient notre adolescence, et l’on est toujours ravi de faire écouter aux enfants ce qui nous a transportés quand on était plus jeune, d’autant que la production générale est de qualité. Pour accompagner ces plages musicales favorites, le très beau livret aide à replacer ces œuvres dans leur histoire. Un disque de collection. | ![]() |
→ COUPS DE COEUR DE L’ACADÉMIE CHARLES CROS ←
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Créée en 1947 par un groupe de critiques et de spécialistes de l’enregistrement sonore, les membres de l’Académie se réunissent par groupements spécialisés : musique classique, jazz, chansons, musiques traditionnelles, etc. Il y a plusieurs « grands prix » qui sont décernés chaque année à des artistes soit pour une parution particulière, soit pour l’ensemble de leur carrière. Il y a aussi les « coups de cœur » qui sont accordés dans le domaine concernant les jeunes auditeurs et qui parait devoir tout particulièrement être portés à l’attention du public. Dans les critères, entrent en jeu notamment la qualité de l’interprétation, le caractère inédit de l’œuvre, l’intérêt pour les familles, l’audace et courage éditorial. Chaque année, ce jury coopté au sein de l’Académie Charles Cros se réunit au printemps et à l’automne pour choisir, parmi l’ensemble des productions, celles qui ont retenu l’attention des 7 membres et qui se sont mis d’accord pour leur décerner un « coup de cœur ». |
→ OUVRAGES À CARACTÈRE PÉDAGOGIQUE ←
⇒ Titre : MISTRAL
⇒ Auteur / compositeur : SOSO MANESS
⇒ Éditeur / Diffuseur : Sony Music – RCA – 2020
Ce disque d’un jeune rappeur marseillais a une histoire, qui est évoquée par ailleurs dans le livre « La Paternelle » (cf. chapitre Publications). Il s’ouvre par une chanson extraite d’un disque « Les Enfants du Quartier Nord brisent la glace », enregistré en 1982 au collège Albert Camus de Marseille, suite à un long travail d’écriture et de chant mené par une équipe d’enseignants animée par le professeur de musique, Daniel Beaume. La suite de l’aventure, qui est devenue une page d’Histoire, est racontée par un article du journal Le Monde dont l’auteur cite l’origine de la chanson : « C’est un souvenir de mon enfance, raconte-t-il à la Gare de Lyon, à Paris. Au centre social, les grands nous avaient appris les paroles : « Nous sommes les enfants des quartiers Nord, et à pied, ça fait loin jusqu’au Vieux-Port. » « On chantait ça, minot, quand les animateurs nous emmenaient à la mer. En grandissant, cet air m’est revenu et j’en ai compris la symbolique. » | ![]() |
L’intégralité de l’interview est visible sur le SITE.
Pour ceux qui sont intéressés de savoir comment ces rappeurs du Quartier Nord relisent leur histoire et le rôle qu’ont joué les enseignants dans le parcours qui les a aidés à se construire, n’hésitez pas à aller voir ce MONTAGE.
Et pour savoir comment l’actualité a rendu compte de ces marches d’enfants / adolescents en 1983, cliquez ICI.
⇒ Titre : FARANDOLES DE COMPTINES AU PIANO
⇒ Auteur / compositeur :
⇒ Éditeur / Diffuseur : Éditions Vilanelle – 2020
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Très vite, dès que le CD est dans son lecteur, on éprouve le besoin de regarder le livre pour comprendre que les 20 chansons choisies par les plus patrimoniales de l’enfance ne sont pas chantées, mais seulement jouées au piano, le report aux pages s’avérant nécessaire si l’on veut se servir du disque comme d’un service d’accompagnement, autrement dit une sorte de version instrumentale pianistique pour karaoké. Les paroles sont alors à prendre sur le livre. Le projet en lui-même n’est pas inintéressant, notamment pour chanter en famille, avec une facilité aisément perceptible : la mélodie est intégralement jouée par la main droite du piano, et donc permet à chacun de chanter en étant guidé note à note sur la mélodie. Avec toutefois deux regrets : après une courte introduction parlée sur fond musical, au moment où commence vraiment la mélodie, on n’a pas de mesure d’introduction, et donc quand on entend le piano il est trop tard pour chanter les premières notes. D’autre part les tessitures ne sont pas toujours adaptées à de jeunes enfants. Ce qui apparaît d’ailleurs dans la transcription de la partition dont on ne sait pas pourquoi on a des notes qui dépassent la portée du haut alors qu’on aurait pu les écrire à l’octave inférieur (Promenons-nous dans les bois), et souvent dans une tonalité plus proche des capacités débutantes des enfants (Do l’enfant do, qui serait mieux adaptée en tonalité de ré). |
⇒ Titre : LE LOUP PENDANT LE CONFINEMENT
⇒ Auteur / compositeur : PHILIPPE ROUSSEL – CLAUDE VAUTRIN
⇒ Éditeur / Diffuseur : Compagnie Philippe Roussel – 2020
« Durant les 55 jours de confinement, le chanteur Philippe Roussel a partagé sur les réseaux sociaux une chanson par jour destinée aux enfants et aux adultes. Avec ses brouillons, l’artiste nous renvoie aux émotions, à la réflexion nées en ces temps incertains. En écho, le journaliste écrivain Claude Vautrin pose ses mots, donnant à ces chansons une autre dimension ». Ainsi est présenté en 4ème page de couverture cet ouvrage qui ne ressemble à aucun autre, et dont Françoise Ténier commente ainsi l’aventure dans la préface : « Pendant les périodes difficiles, il y a des gens qui râlent, qui crient, qui pleurent… et il y a ceux qui chantent en pensant aux autres. Philippe Roussel est de ceux-là ; mais le 15 mars, quand il a posé son premier « brouillon » de chanson sur Facebook, il ignorait encore qu’il serait amené à en écrire 54 autres. …) Chaque soir, à 17 heures, parents et enfants attendaient ce rendez-vous avec le loup, impatients de connaître une de ses nouvelles aventures ou son état d’âme du moment ». Pourquoi mentionner ce livre-double CD dans une rubrique pédagogique, alors qu’il s’agit d’abord, comme le dit Françoise Ténier, d’un « acte de résistance à la morosité d’une période où nul ne savait de quoi serait fait le lendemain ? Elle ajoute que c’est « une superbe réponse à ceux qui pourraient encore se demander à quoi les artistes peuvent bien servir ». Des musiciens intervenants ont émis le projet de monter des émissions radio avec les enfants. A une époque où les uns et les autres se demandent comment les outils numériques peuvent être un auxiliaire précieux pour les pratiques un peu bouleversées dans le domaine de l’éducation artistique et culturelle, l’initiative de Philippe Roussel est une magnifique invitation à faire preuve d’imagination dès que l’on se trouve à construire l’avenir des enfants avec eux. Les textes de Claude Vautrin ne sont pas un manuel de pédagogie, ils sont une pédagogie au sens étymologique du terme : « conduire les enfants ». Ou, en termes moins directifs et plus significatifs de la démarche des auteurs de l’ouvrage : « accompagner les enfants ». Avec la tâche reprise jour après jour et dans la durée, avec le rituel qui institue une pratique sociale (et c’est même pour cela qu’il y a des instituteurs et des institutrices qui ne sont pas seulement professeurs des écoles), et une invitation à faire preuve tous les jours d’imagination et de renouveau. <<<<« J’ai souhaité (ce livre), écrit Philippe Roussel, comme un espace de liberté pour les enfants qui, en s’appropriant les thèmes, participait ainsi aux questions qu’on se posait tous sur les bouleversements de notre société et la mise à mal de nos certitudes confortables ». Si ce n’est pas cela un espace éducatif, alors je veux bien être mangé vivant et à belles dents par le loup. | ![]() |
→ CHANSONS DU PATRIMOINE DE LA CHANSON FRANÇAISE ←
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